lundi 30 janvier 2017

À la rencontre de Noé


Voyage, inspiration et musique, nous avons parlé photo !




Alors commençons par une petite présentation, d’où viens-tu et depuis combien de temps es-tu à Rennes ?
Je viens de Guingamp dans les Côtes d’Armor, ça fait un an que je suis vraiment à Rennes. J’ai fait des photos pour le brunch des créateurs l’année dernière et on a tout de suite adoré. Donc c’est moi qui ai proposé mes photos, je suis venue gratuitement et j’ai pu terminer à Rennes.


Quelles études as-tu fais avant d’en arriver là ?
D’abord deux ans à l’IUT de Saint-Brieuc en technique de commercialisation, ensuite une L3 Infocom, un Master 1 Infocom après j’ai arrêté. Je n’ai pas voulu faire de Master 2 parce qu’à l’époque celui que je voulais n’était pas proposé en alternance. Je trouvais ça inutile de ne pas avoir de vraies expériences dans la com avant de commencer.
J’ai donc lancé ma société, je suis en auto-entreprise et je travaillais à MacDo le week-end, vu que tu ne peux pas commencer comme ça sans rien.
L’auto-entreprenariat c’est très simple, tu remplis un dossier sur Internet, tu as juste des déclarations à faire à propos de ton chiffres d’affaires. Ça fait trois ans que je l’ai fait mais maintenant ils essaient de plus en plus d’intégrer des formations, parce que du coup tu as toute une partie contact et gestion.


À quel moment as-tu décidé de prendre l’appareil en main ?
Alors j’étais au lycée et avec une amie qui avait un appareil réflexe et une fois on s’est dit qu’on allait faire des photos entre nous comme on aime bien faire quand on est jeune. Et ça a débuté comme ça j’ai appris à aimer la photo et j’ai décidé de me m’acheter un appareil.


Le fait de capter un instant précis qui sera durable dans le temps est assez magique. Pour toi qu’est-ce qu’une photo réussie ?
Tout dépend de chaque photographe mais pour moi une photo réussie c’est lorsque tu ressens quelque chose quand tu la vois, tu dis « qu’est-ce qu’il se passe » qu’elle soit ratée ou pas. Là récemment j’ai publié une photo que j’avais faite à la Chambre aux Loups, c’est une forêt mais il faut connaitre : c’est mon fief, j’y vais tout le temps je fais souvent des photos là-bas. J’y étais allée un matin où il y avait de la brume et en terme technique ma mise au point est axée sur la brume donc tout le devant est un peu flou. On voudrait peut-être que le devant soit net et le reste flou et du coup elle a eu un petit succès, je vais la mettre en vente d’ailleurs [rires].




Quels sont les photographes qui t’ont plus ou moins influencé ? Et qu’apprécies-tu chez eux ?
Alors c’est au fur et à mesure que j’évolue, c’est beaucoup de photographes américains notamment dans les territoires près de l’Oregon, caractérisé par des falaises et des forêts. Maintenant j’apprécie davantage des photographes de voyage comme le français Brice Portolano qui me touche de plus en plus. Au départ je n’étais pas du tout là-dedans mais au final tu apprends comme ça ; il y a un photographe de Los Angeles qui détaille et explique comment il a fait à chaque photo qu’il poste et tu peux aussi poser des questions. C’est comme un cours à distance, des fois pour tester de nouvelles techniques j’utilise ses conseils puisque tu t’inspires souvent des autres finalement mais sans copier, avec ta touche personnelle.



Tout dépend de l’évènement et du contexte mais à travers tes photos qu’essayes-tu de retranscrire ?
J’essaye de capter l’émotion du moment. Ce n’est pas forcément facile quand tu rencontres des gens, tu ne sais pas comment ils sont dans la vie : par exemple quand ils sont en couple au début les personnes sont figées parce que ça reste quelque chose d’intime mais c’est au fur et à mesure que je les mets à l’aise et les personnes se dévoilent. Donc le but c’est de retranscrire leurs personnalités.


Quels évènements préfères-tu photographier et pourquoi ?
Donc là j’ai fait des mariages pour la première fois cette année et c’était super ; ce ne sont que des photos sur l’instant parce que j’aime moins les photos programmées qu’on doit faire avec la famille etc, je préfère que ça reste naturel.
J’aime de plus en plus les photos aventures où il y a à la fois le paysage et la personne.


J’ai remarqué tu avais un petit penchant pour la musique électronique, avec des sonorités voyageuses, est-ce que la mise en relation de l’image et du son est quelque chose d’essentielle pour toi ?
C’est difficile à exprimer mais par exemple à l’écoute d’une chanson, tu as parfois des images qui apparaissent dans ta tête. Et c’est pareil quand je vais faire des sessions, j’ai une musique qui me vient à l’esprit alors j’essaie de mettre en parallèle. La musique ça déclenche quelque chose et inspire encore plus.




Comme Thylacine a composé son album dans le transsibérien, n’aimerais-tu pas créer un travail de long terme, par exemple lors d’un séjour, sur une certaine période ?
Oui j’aimerais bien avoir un projet comme raconter une histoire sur un voyage. Avec des amis j’ai envie de partir sur la côte ouest des Etats-Unis et dans les terres, le Wyoming, le Texas, puisque j’adore aussi l’équitation alors pourquoi pas aller dans un ranch. Je n’ai pas encore plus poussé l’idée mais quand ce sera le moment, je le ferais.
 

Tu as rencontré Fakear lors de son passage au Liberté, tu ne t’es donc pas arrêtée à la prise de photo, raconte-moi cette entrevue
C’était dans le but de développer un peu plus l’aspect culturel sur Rennes à Coup de Cœur et vu que j’aime beaucoup les festivals, les concerts et la vie active de Rennes je me suis dit « on va faire une petite demande et on verra ». On a écrit à son manager et il a été d’accord pour l’interview et les photos du concert. On l’a rencontré dans sa loge deux heures avant son set et il est vraiment sympa, très simple. Il se prend pas la tête et reste naturel, il dit ce qu’il pense sans superflues même s’il commence à avoir une certaine notoriété, il est très accessible c’était chouette.



Je te trouve assez polyvalente, est-il important pour toi d’élargir au maximum ce que tu peux faire ?
Ca dépend, au départ j’ai voulu vraiment tester pleins de choses et c’est comme ça que tu vois où t’es le plus à l’aise, ce que t’aimes. Là j’essaie de plus en plus de me guider vers des reportages comme mes dernières séances en pleine nature, j’apprécie beaucoup moins les photos en intérieur car je n’aime pas les lumières artificielles.


La découverte de nouveaux endroits donne place à d’autres possibilités, c’est en quelque sorte une constante inspiration…
Oui ça vient comme ça, par exemple pour certaines séances je ne sais pas où on va donc c’est un peu le suspense : est-ce que le lieu va vraiment me correspondre ? Mais si les gens choisissent ces endroits c’est que eux y sont à l’aise et c’est le plus important. Après j’arrive à m’imprégner du lieu et à trouver comment moi me mettre dedans. Il y a toujours un temps d’adaptation ; je réfléchis en regardant un peu ce qui m’entoure et tout de suite il y a les schémas qui se font dans ta tête. Ensuite il y a toujours l’instinct qui revient.


Dans tes réalisations est-ce que tu préfères garder une cohérence, un peu comme une ligne directive ou justement tu sépares les différentes collections ?
Au final je fais toujours des trucs qui restent dans le même esprit, pour l’instant je n’ai pas encore fais quelque chose qui dénote complètement avec ce que j’ai l’habitude de faire. Je garde bien évidemment la nature et dans les teintes vintage puisque j’aime les couleurs passées, à la fois chaudes et lumineuses. Je pense que ça va quand même rester parce que c’est ma patte, c’est comme ça que quand mes potes voient une de mes photos ils me disent « ah j’étais sûr(e) que c’était toi qui l’avait faite celle-là ». Quand tu suis le travail de quelqu’un tu repère son style et tu peux le reconnaître.



Au niveau des réseaux sociaux, on peut dire que tu es active avec notamment ta page Facebook et ton site internet, c’est un réel plus pour mettre en lumière ce que tu proposes ?
Alors j’ai commencé par Facebook, quand tu prends quelqu’un en photo et que tu l’identifie ça t’ouvre tout son réseau. Et sinon de plus en plus Instagram, en professionnel je m’y suis mise que depuis l’année dernière, mais j’ai réussi à doubler mon nombre d’abonnés. Je m’en sors comme vitrine et j’ai eu des contrats grâce à Instagram ; j’avais fait une photo pour des vêtements qui a été mise sur Bretagne Tourisme et on est venu me contacter.




On peut aussi retrouver les créations de beaucoup d’artistes, à quelle fréquence te rends-tu sur ces plateformes ?
Alors Insta plusieurs fois dans la journée, quand j’ai un petit creux ou que je m’ennuie, sinon c’est tous les matins dès que je me réveille je fais le tour de toutes les actus. 


Depuis plusieurs années la photo s’est banalisée, il est par exemple possible pour tout le monde d’ouvrir un compte Instagram de d’y poster des photos, quel regard portes-tu sur le développement de ces techniques numériques ?
Je trouve ça positif, c’est bien que tout le monde puisse se découvrir et s’essayer à la photo. Ça sensibilise les gens à vraiment apprécier regarder des photos. Quand t’es sûr Insta et que tu vois une photo un peu prise à l’arrache tu te dis « bon… » et quand juste après tu vois une très belle photo tu t’arrêtes. 


Avec cette facilité d’exposition, chacun peut se prendre pour un artiste, mais cette notion est assez subjective, étant donné que c’est ton activité principale tu considères-tu comme une artiste ?
Ce n'est pas pour être prétentieuse ou autre, mais pour moi quand tu arrives à créer de l'émotion chez les gens ou quand tu as ton univers bien à toi, tu es un artiste. C’est quelque chose que j’ai appris au fur et à mesure, je pense photo tout le temps en fait.


Quelles sont les difficultés que tu peux rencontrer au quotidien dans ce métier ?
Alors on peut dire que c’est un métier instable, chaque mois je ne sais pas ce que je vais avoir à faire. C’est tout de même cool car chaque semaine j’ai toujours pleins de choses et justement quand j’ai des creux ça me laisse le temps de réfléchir à des projets perso, sur d’autres idées.
L’autre point difficile c’est d’avoir du recul sur ce que tu fais : des fois je n’arrive pas à me rendre compte. Des fois il y a des photos où je me dis « c’est super elle est réussie » et d’autres fois où pour moi c’est normal, basique. 





Tu es une photographe indépendante mais avec qui travailles-tu en collaboration ?
Je travaille dans les locaux de l'Agence Demain, qui a créée Rennes à Coup de Coeur. On a plein de projets ensemble, donc c'est cool de pouvoir partager ses bureaux. On est une bonne équipe, dans nos locaux rue St Guillaume avec vue sur le Teatro, on est avec des créatrices et un architecte. Du coup ça crée une bonne dynamique, tout le monde est super sympa et a des avis sur tout. C’est bien parce que les créatrices font appel à moi lorsqu’elles ont besoin de photos, comme une sorte de réseau de partage de service. 

 
Tu prévois d’y rester un moment ?
Ouais pour l’instant ça m’aide à me cantonner à ce que je dois faire. Au départ je n’avais pas vraiment l’utilité quand on m’a proposé puisque je n’avais pas tant de travail que ça donc j’étais aussi bien chez moi. Mais maintenant j’ai de plus en plus de choses et j’aime bien justement devoir être avec des gens tout autour de moi et je suis plus efficace au bureau.


Dis-moi-en davantage sur tes ambitions et quels projets sont en préparation ?
Je ne sais pas [rire]. C’est dur de se projeter. Là je suis en réservation pour les mariages de l’été prochain, j’en ai fait une dizaine l’été dernier alors j’espère faire à peu près le même nombre. Et peut-être un voyage parce que j’aimerais bien bouger.


Parlons matériel, sur quel appareil photo te sens-tu le plus à l’aise ?
Là je suis sur le Nikon D800, c’est une entrée de gamme de la gamme professionnelle. Ça fait trois ans que je l’ai et je commence à voir ses limites et j’aimerais bien passer au niveau au-dessus. Pareil en terme d’optique, j’ai un 50mm donc pour les portraits c’est très bien : c’est une focale fixe donc le zoom est impossible. J’ai un grand angle de 28 qui est très bien pour les paysages ou l’architecture, il donne une dimension aux éléments.
J’aimerais un peu plus de qualité parce que pour Fakear par exemple j’ai remarqué que mon petit boitier n’est pas très à l’aise en basse lumière, il fait du bruit, enfin j’aime bien entendre le grain sur l’image donc ça ne me dérange pas mais c’est le flou qui peut apparaître qui est gênant. Après il faut avoir un budget car quand tu entre dans des gammes professionnelles ça coûte extrêmement cher, du coup je vais essayer de revendre celui que j’ai pour réinvestir dans la gamme au-dessus comme le Nikon D810. 






Une célébrité que tu aimerais photographier ?
Je ne me suis jamais posé la question, attends je réfléchis…
Je suis très branchée à la musique alors ce serait sûrement un groupe, dans la folk j’adore Mumford and Sons donc pourquoi pas eux avec leurs petites guitares en forêt.



Un endroit sur Terre ?
Alors tout l’Oregon aux Etats-Unis évidemment. J’ai fait un road trip au Canada il y a deux ans et ce que j’ai préféré c’est la partie parcs nationaux qu’on a visité avec la voiture. Je préfère beaucoup plus les photos en forêt qu’à la mer, c’est mon élément et je trouve qu’il y a beaucoup plus de possibilités de changer d’angle.


Préférence pour le noir et blanc ou couleur ?
Je trouve que les couleurs donnent à chaque fois des émotions différentes. Je travaille tout le temps en couleur et quand je remarque une photo qui une émotion particulière je la passe en noir et blanc pour voir. C’est vrai qu’il y a des émotions plus fortes en noir et blanc, la couleur c’est plus léger et moins intense.



Trois mots pour décrire ton style ?
Authentique, car je n’aime pas trop préparé ce que je fais. Nature, bien sûr. Et luminosité, étant donné que je préfère les lumières naturelles.


Avec ce métier tu es amenée à beaucoup te déplacer, pour conclure raconte-moi un voyage qui t’a marqué…
Alors je suis allée en Suède il y a deux ans et ce n’est pas tellement par rapport à la photo mais davantage les gens que j’ai rencontré qui ont joué un rôle dans ce voyage. Les hôtes étaient formidables, c’était à Stockholm et c’était super. 



Vous pouvez retrouver Noé sur Facebook ainsi que sur son site : 

https://www.facebook.com/Noecphotography/?fref=ts
http://www.noe-c-photography.com/

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